Lolituche - Imprimé Métallisé Champagne
Escarpins talon 7 cm
LA VÉRITABLE HISTOIRE DE LA LOLITUCHE
Tout démarre alors que j'ai 14 ans et que j'écoute les Smiths et puis un peu Metallica du fond de ma chambre en me projetant contre les murs afin d'y assouvir mon besoin de contact.
Une époque au cours de laquelle mes parents se sont séparés. Cela dura deux ans.
Cela me permettait de tirer un peu sur la corde des sorties car tous deux étaient un peu déprimés, guidés par leur vague à l'âme. Je pouvais jouer sur les deux tableaux. demandant à l'un ce que refusait l'autre tout en racontant qu'il l'avait accepté pour faire pencher la balance de mon côté. Toujours.
J'en profitais pour aller traîner sur toutes les dalles aux alentours de Montparnasse.
Là, je me réunissais avec mes amis. Pas mes camarades de l'école privée où mes parents m'avaient inscrite. Je n'y supportais ni les enseignants, ni les élèves, et encore moins leurs parents. Mais je ne voulais pas faire de vagues scolairement alors je rongeais mon frein en observant cette fin de cycle, ces gens qui s'agglutinaient dans des cours privés pour échapper à cette France qui se transformait.
Donc me voilà à zoner, à oublier les tracas familiaux en traînant au pied de la Tour Montparnasse. C'était le début du hip-hop en france et je n'écoutais que ça. RUN-DMC, les Beastie Boys, LL Cool J. Ma mère m'avait offert un Kangol et je ne portais que des baggys. Nos week-ends alternaient entre l'apprivoisement de nos planches de skateboards, de la danse (comme nous le pouvions) et de quelques graffitis faits maladroitement dans de vieilles usines ou entrepôts abandonnés.
Toutes nos pérégrinations étaient accompagnées aussi par la découverte d'une douce résine. Si plus tard, son usage devint quelque peu problématique chez moi, ses premiers moments furent la découverte de sensations de liberté folle.
J'avais beau rentrer avec la mine déconfite, les yeux explosés, mes parents ne faisaient pas attention à mon état puisque seul le leur prévalait. Cette gentille "festoyerie" dura le temps de leur séparation. Lorsqu'ils se remirent ensemble j'ai trouvé cela triste car c'était un rabibochage de raisons. Et ces raisons étaient avant tout économiques.
Si c'était ça grandir, je préférais rester ado à vie, avec mes amies et qui ne pensent qu'à une chose, s'amuser, quitte à flirter avec le danger et rouler des pelles à l'illégalité. C'est au sein de cette bande, en plein milieu de mes seize ans, que Lolo apparut avec sa grande mèche de petit gars tout propret.
Je ne vais pas mentir, il faisait tache au milieu de mes potes qui semblaient sortir des Guerriers de la Nuit face à lui.
Il était arrivé par le biais d'une fille qui sortait avec l'un de ses potes. Nous étions en pleine Guerre du Golfe, menée par Babush padre et moi, j'étais en couple avec un gars un peu plus âgé que moi, nommé le Chat. Il me faisait bien rire, et surtout il m'alimentait d'une herbe qu'il faisait pousser sur le balcon de ses parents. Malgré cet indéniable avantage, je n'avais désormais plus d'yeux que pour ce nouvel arrivant, aussi bourge que kawaï.
Il me fit la cour comme un paon et à chaque nouvelle rencontre, il se parait d'une nouvelle veste, comme l'animal aurait fait sa roue. C'était soit une doudoune Schott, soit un teddy Chevignon, un perfecto.
Le mec voulait me montrer qu'il avait de l'argent, pensant que cela m'étourdirait. Je n'en avais pourtant rien à carrer de sa thune. Je la fuyais même et c'était ce qui me débectait chez lui. Ce qui me plaisait le plus, c'était sa beauté naturelle. Il ressemblait à un personnage de Rohmer avec son long nez grec et sa façon ininterrompue de déblatérer pour masquer son inconfort d'être totalement captivé par ma personne. Je voyais bien qu'il ramait mais impossible pour moi de faire le premier pas. C'était au garçon de se lancer. Le cinéma, la littérature nous avaient suffisamment pris la tête avec cet élan masculin qu'alors, j'estimais que je n'avais pas à bouger.
Finalement un jour il se décida à passer à l'action en m'invitant voir Happiness au cinéma.
Réalisé par Todd Solondz et produit par la mirifique Christine Vachon. Là, les strapontins commencèrent à claquer. Il faut dire que le film met mal à l'aise. C'est tout son talent, son intérêt. Je sentais bien que Lolo tentait des mouvements qu'il avortait dans les derniers instants. Lassée de son manque d'audace, je décidai de lui mettre la main au paquet.
Le reste appartient à la légende désormais. Nous avons travaillé ensemble, gravi des montagnes, descendu d'autres sur le cul mais nous tenons la barre. Vous comprendrez donc aisément pourquoi, lorsque m'est apparu ce délicieux modèle, je devais le nommer d'après mon si rigolo compagnon.
Mais pourquoi avoir ajouté le suffixe Tuche à son diminutif ?
Parce qu'après cette fameuse séance ciné, Lolo pensait que l'affaire était dans le sac alors il m'invita chez ses parents. Des nouveaux riches qui vivaient dans un luxueux penthouse à Boulogne. Malgré leur opulence je pouvais ressentir un certain décadrage avec leurs façons d'être. Comme s'ils avaient atteint ces sommets un peu trop vite, sans se débarrasser de leurs habitudes de prolos. Voilà pourquoi je devais rendre hommage à ma belle-famille et surtout à son meilleur représentant, mon Lolo adoré. My Lolituche.