Article du
THE NEWS THAT SAYS GOODBYE TO MY LITTLE BURRATA
Having fun in the sun.

Il y a quelques jours, c'était l'anniversaire de mon cher amant. Et pour le remercier de sa constance, je lui ai fait le plus beau des cadeaux : je l’ai quitté.
D'abord, il a ri, pensant à une blague, un poisson d'avril en avance. Mais non, ma décision était prise, mûrie, irrévocable. Après deux ans de bons et loyaux services, il était temps de le renvoyer chez lui, auprès de sa femme, afin qu'il remplisse son office, là où il était censé le faire. J'ai arrêté mon manège un 8 mars. Une date hautement symbolique pour mettre fin à mes bêtises et, pour une fois, faire preuve de sagesse.

Car il faut bien l’admettre, j’ai un mari gentil. Beau. Prévenant. Serviable. Mais il ne m'attire plus. Depuis cinq ans déjà. Alors, j’ai attendu. Trois longues années, dans l’espoir qu’un sursaut du désir vienne briser cette langueur. Mais il n'est jamais revenu. Et puis, un jour, au bout de cette interminable attente, Mattéo a franchi la porte de ma boutique. Il était entré par hasard, frappé par la beauté du lieu. Moi, j’ai été frappée par lui. Un vertige. Celui de l’amour immédiat, du coup de foudre qui traverse le corps comme une décharge électrique.
Je ne vais pas te mentir, il n'était pas forcément du goût de tout le monde. Un peu ringard avec sa coupe de footballeur des années 90, sa chemise ouverte jusqu'au nombril dévoilant un tapis de poils digne du filtre d’une piscine municipale turque. Il venait à Paris pour un séminaire dont je n’ai jamais bien compris le sujet, tant son accent chantant brouillait mes repères. Et puis, soyons honnêtes, je ne l'écoutais pas. J’étais hypnotisée par ses yeux, son sourire Ultra Brite hérité d’un père mannequin pour des publicités de dentifrice dans les années 70.

Il ne perdit pas de temps et m'invita à boire une sangria tout en regardant un ballet de danse contemporaine tibétaine au 104. Absurde. Surréaliste. Irrésistible. Tandis que mon mec, lui, passait ses soirées à se trépaner devant des jeux vidéo, sans même lever les yeux quand je rentrais. Entre le manque d'efforts de l'un et l’incandescence de l'autre, j'ai cédé à l’évidence.
Dès que Mattéo montait à Paris, je trouvais toujours une excuse : voir ma cousine, ma sœur, une amie imaginaire soudainement pressée de me retrouver. J’étais devenue d’une sociabilité exemplaire, tissant un réseau de fausses urgences pour mieux disparaître dans ses bras. Oui, c'était moche, mais que veux-tu ? J’aimais bien mon mari. Je n'avais pas le cœur de le laisser partir pour qu’une autre femme finisse par le jeter par la fenêtre après des heures de Doom ou Donkey Kong.
