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Patricia, le livre

Alors que personne ne s'attendait à une telle densité, à une écriture qui semble avoir trempé dans la semence de Belzébuth, le roman Patricia, une biographie sur la vie de la célèbre créatrice de chaussures que le monde entier nous envie, écrite par son fils, a débarqué en librairie sans prévenir, comme un roulage de pelle intempestif.
Rencontre avec celui qui révolutionne le monde de l'édition comme personne avant lui, à part peut-être Platon.

L'interview

Bertrand Bipot :  Renaud, comment est né ce projet de roman totalement fou, jouissif, au sujet de votre mère ?

Renaud : Au fur et à mesure de ma présence et de mon travail sur les réseaux pour Patricia Blanchet, j'ai commencé à me sentir à l'aise avec la prise de parole et j'ai déroulé, allongeant mes textes de façon significative. Petit à petit mes posts ont pris de l'ampleur, leur envol. Je suis passé de courtes publications à un univers étendu où la banalité s'encastre dans le merveilleux.

Bertrand Bipot : Vous vous êtes déployés de façon très significative en effet. J'ai remarqué une bascule sur les réseaux de Patricia Blanchet. Vous sauriez nous dire quand elle est intervenue et comment ?

Renaud : Je préparais un clafoutis aux cerises après une nuit blanche passée en pleine luxure et j'ai pensé à Anaïs Nin, puis aux Contes des Mille et Une Nuits.

Bertrand Bipot : Expliquez-nous ce grand écart.

Renaud : J'avais passé la soirée à festoyer, enchaînant les bouteilles. Au petit matin, mon corps a eu besoin de son lot de sucre. Je me suis jeté sur la première recette que j'avais en tête.

Bertrand Bipot : Je parlais du projet littéraire.

Renaud : Je me suis réfugié dans ces deux œuvres desquelles j'ai retiré une furieuse envie de vivre, de vaincre, et d'écrire.

Bertrand Bipot : et donc d'écrire Patricia.

Renaud : Pas tout à fait, avant cela j'ai commencé à rédiger un recueil de nouvelles sur la sodomie.

Bertrand Bipot : C'est un sujet intéressant, profond. Où pouvons-nous lire ces nouvelles ? Quel éditeur a eu l'audace de les publier ?

Renaud : Justement aucun. Tout le monde s'est délecté de mes écrits mais quand il a fallu passer à l'action, il n'y avait plus personne. Alors pour l'instant mes nouvelles sodomites restent au chaud mais il y en a une qui est en train d'être étudiée par Marvel. Apparemment les super-héros chercheraient à développer une branche adulte de leurs comics. Moi, pourquoi pas si cela me permet de pouvoir m'investir plus amplement dans la pâtisserie. Il y a un tournoi de clafoutis en fin d'année à Cincinnati où les plus grands maîtres de la discipline se rencontrent. J'aimerais bien y participer afin que la France figure en bonne position à ce concours sans équivalent.
Patricia Blanchet

Bertrand Bipot : Et Patricia donc, car il s'agit du cœur de notre entretien ? Comment avez-vous eu cette idée folle d'inventer ce récit frivole ?

Renaud : Tout est venu d'un post facebook homérique dans lequel j'avais plongé Patricia au centre d'une histoire romantique qui la voyait prendre place sur un tapis volant piloté par un Perse tombé éperdument amoureux d'elle. Ils y survolaient Paris, faisaient la connaissance d'un génie qui y finit vendeur de raclette. C'était très fun, et wtf. Quand ce fut fini, je l'ai publié sur Facebook et alors là...

Bertrand Bipot : Et alors là quoi ? Racontez-nous Renaud, la France a peur. La France veut savoir.

Renaud : Et dès que ce fut en ligne il y eut un déferlement de likes. Un tsunami d'amour moite qui s'abattit sur la page. Des commentaires en furie, des mots doux par poignée vinrent décorer la page Patricia Blanchet. C'était à la fois très émouvant et très excitant. Un peu comme lorsqu'on se fait dépuceler. Nous avons même eu un appel de Facebook France pour savoir si notre page ne s'était pas cassée. Il y eut beaucoup de plébiscite. C'était agréable. Au milieu de tous ces messages dithyrambiques, je reçus une dizaine de propositions de maisons d'éditions qui tenaient à me rencontrer. J'étais ravi car j'aime écrire et j'étais flatté qu'une flopée d'éditrices me courtisent en pensant s'adresser à Patricia.

Bertrand Bipot : Pourquoi avoir choisi de travailler avec Le Seuil ?

Renaud : Parce qu'ils avaient édité Lacan, Barthes et que je voulais les aider à récupérer leur lustre d'antan. Mais aussi parce que j'ai parlé de Carpenter et de cinéma des années 70 avec mon éditrice au Seuil. Forcément ça crée des liens.

Bertrand Bipot : Comment avez-vous réussi à vous glisser dans la peau de votre mère si aisément ?

Renaud : Je suis fils unique, j'ai longuement travaillé avec, et nous avons des origines juives. Autant vous dire que cela relève de la fusion nucléaire. Et j'adore me mettre dans la peau des autres. Mais rien à voir avec Hannibal Lecter.

Bertrand Bipot : Qu'a pensé Patricia du livre ? L'a-t-elle aimé ? Ne s'est-elle pas sentie, peut-être, trahie à certains moments ?

Renaud : Elle était ravie du projet et que je mette sa vie en scène avec une telle maestria.

Bertrand Bipot : Fière ?

Renaud : Elle a fait imprimer une bonne partie du livre sur papier-peint et l'a ensuite fait poser sur les murs de son appartement. Elle change son lit de place chaque soir afin de s'endormir devant un passage différent.

Bertrand Bipot : Et votre père alors comment a-t-il réagi ?

Renaud : Il a beaucoup aimé le livre mais il a décidé de ne plus me parler tant que je n'aurai pas écrit un livre à sa gloire, histoire d'équilibrer les choses.

Bertrand Bipot : Pouvez-vous nous toucher un mot de vos prochains projets ?

Renaud : Je suis en train de terminer une biographie d'Henri Krasucki dans laquelle il y aura beaucoup de révélations qui risquent de jeter un pavé dans la Marne. Très peu savaient que ce sémillant syndicaliste était aussi un grand séducteur qui eut plus de conquêtes que Warren Beatty et Alain Delon réunis. Lorsque ce sera terminé, il sera temps pour moi de basculer sur la télénovela la plus extrémiste jamais écrite.
Patricia Blanchet

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