Hier, j’ai signé un armistice avec JR. Pas Larry Hagman. Non, JR, celui qui, avec ses bidons de colle et ses brosses-balais, affiche ses immenses portraits sur des trains, dans des favelas, sur les façades d’opéras ou des passages piétons. J’ai vu son film Tehachapi — en tout cas, c’est ainsi qu’il le nomme. Mais à vrai dire, en dehors de sa durée d’une heure trente qui pourrait lui conférer ce statut, il s’agit plutôt d’un documentaire, voire d’un document. Ce document rend compte de sa volonté d’infiltrer une prison de haute sécurité californienne pour proposer, à certains détenus triés sur le volet et désireux de se réinsérer, un projet photographique d’une envergure dont il détient la formule. Il va en photographier une centaine pour ensuite coller leurs visages dans la cour, de sorte que l’œuvre, visible du ciel, puisse aussi être consultée via une application. En s’y connectant et en cliquant sur le visage des prisonniers présents, on accède à un court historique de leur vie. Toute cette opération a un effet inattendu : elle soude les participants entre eux, leur offrant des motifs d’espoir et la preuve que la réinsertion est envisageable alors que, quelques mois auparavant, ils étaient enfermés dans des cages au milieu de la cour en guise d’isolement. On peut certes trouver à redire, y voir des faiblesses ou des points d’achoppement, car il est clair que le film n’est pas à la mesure de l’enjeu. Cela n’en reste pas moins un excellent document qui rend compte d’une terrible réalité : celle où 20 % des incarcérés mondiaux le sont aux États-Unis. À voir donc.