LA VÉRITABLE HISTOIRE DE LA JODO
( Et pourquoi c'est la plus belle tiag au monde )
Il était une fois, et je dis ça sans sourire, une fille qui en avait marre de la "tièderie" ambiante. Pas marre façon caprice des yeudes, non : marre comme on est marre d’une pièce éclairée au Zippo où tout le monde chuchote ses pulsions pour ne pas péter un numéricâble. Moi, Patricia, je fabrique des objets qui font des étincelles quand vous marchez. C’est ma manière polie de dire à l'univers : je suis là, et je ne vais pas me mettre en 4 pour entrer dans vos cases Ikea à la onk. Bref, un soir, j’ai ouvert L’Incal. Pas pour “m’inspirer”. Pour respirer. Pour me rappeler que l’imaginaire, ce n’est pas une déco Leroy Merlin, c’est une nécessité vitale, comme l’eau, comme le feu, comme un film d'Ettore Scola.
À la troisième page, j’ai eu un flash. Pas un flash Roger Gicquel. Un flash mystique et un peu vulgaire : il me fallait une santiag, mais pas une santiag de cow-boy de la Dernière Séance. Il me fallait une botte qui ait traversé le désert sentimental, la ville, l’amour, la honte, le culot, et qui revient en disant : “je suis une sale conne, et je vous emmerde gentiment.” Et évidemment, quand tu penses Jodorowsky, tu n’es plus dans la chaussure, tu es dans la transe. Car Jodo, c’est un homme qui te regarde et qui te dit : “si tu ne vas pas au bout de ta vision, tu vas te dessécher.” Alors j’ai fait ce que font les gens raisonnables : j’ai fait exactement l’inverse. J’ai commencé à dessiner. La nuit. Comme une sorcière soucieuse de fabriquer un puissant philtre d'amour. La pointe, je la voulais nette, insolente, précise. Pas agressive : déterminée. Une pointe qui te donne l’air d’avoir une décision, même quand tu hésites. Le talon, je le voulais comme une ponctuation. Pas un talon “pratique”, pas un talon “confort”, ces mots-là me donnent des boutons d'herpès : je voulais un talon qui claque, qui affirme, qui signe.
Une botte qui fait “toc” sur le bitume comme un oui qu’on assume. Et puis il y a eu ce détail, celui qui change tout : la tige, l’élan, la verticalité. Parce que la Jodo, ce n’est pas juste une tiag de la muerte, c’est une posture. C’est un joli appareil orthopédique pour l’âme : ça te remet dans l’axe, ça te redresse, ça te remet au centre, là où tu étais avant que la vie te demande d’être gentille.
je l'ai appelée Jodo parce que je n’avais pas envie de faire semblant. Jodorowsky, c’est l’intensité pure. Le type a survécu à tout, il a inventé sa propre grammaire, il a fait de l’art comme on traverse un incendie recouvert de liquide inflammable. Il t’apprend un truc simple : si tu veux créer, il faut accepter d’être possédé. Pas par un démon gothique. Possédé par ta vision.
Alors j’ai fait cette tiag de la muerte comme on compose un sort : une ligne qui allonge, un talon qui aboie vivement, une allure qui te rend plus vraie que ton propre miroir. Et le jour où la première paire est sortie, j’ai eu ce moment très précis, très humain : j’ai eu envie de la mettre à quelqu’un que j’aime et de lui dire “tiens, prends ça, ça va t’aider à traverser ta life". Parce que c’est ça, au fond : la Jodo, c’est une tiag pour celles qui veulent marcher avec une conviction de truite argentée. Pour celles qui ont envie de se sentir vivantes, pas seulement présentables.
Pour celles qui veulent un peu de cinéma dans leur réel. Alors oui, tu peux dire que j’ai rencontré le maître dans un rêve, qu’il a débarqué dans mon atelier avec un tarot et une phrase cryptique. Si ça t’amuse, je te le raconte comme ça : il est venu, il a regardé mes croquis, il a dit: “plus tranchant”, puis il a disparu comme disparaissent les esprits, sans prévenir. Mais la vérité est plus simple et plus belle : je l’ai rencontré dans son œuvre. Et ça m’a suffi pour fabriquer une botte qui porte son intensité comme une sueur de cowboy mal rasé. Jodo : une santiag sans folklore, mais avec un putain de panache. Une tiag de la muerte qui ne joue pas à la cow-girl : elle joue à toi, et en version loyale.
OUAIS C4EST BINE. C'EST BIEN CE QE JE VOSU DIS