LA VÉRITABLE HISTOIRE DE VANDERBILT
( Et pourquoi vous allez pleurer de joie )
On me demande souvent comment me vient l'idée de mes chaussures incroyablement géniales. Je réponds invariablement: je sors. Qu'il vente, qu'il neige, qu'il fasse un temps époustouflant, je mets mon nez dehors. Car à vrai dire, il n'arrive pas grand-chose lorsqu'on reste à attendre que cela arrive.
J'étais donc chez moi, rue de Copenhague. En train de dîner avec des potes et mon mec. Je les regardais parler, déblatérer sur des sujets dont je n'avais strictement rien à faire. Je les regardais à me demander ce que je faisais avec eux. Ils ne me provoquaient aucun début de rire, ni même un sourire. Ils se prenaient au sérieux, tout cela en étant très snobs. Et mon mec, mon mec ne me touchait plus depuis des mois. Ou alors quand il était ivre. Sinon il n'osait pas. Il ne savait pas comment m'entreprendre. Je crois surtout que je m'étais dégoté un asexuel. C'était bien ma veine. Mais mieux valait ouvrir les yeux trop tard que jamais.
Alors après une dernière lampée de chartreuse, j'ai pris mes clics, mes clacs, mon banjo et je suis partie à Roissy. J'avais envie d'hispaniser mes vibes alors j'ai compté mes sous et selon ce que j'avais, je pouvais pousser jusqu'à Cancun.
C'est là, dans l'avion que je l'ai rencontré. Au début, je n'avais pas fait attention à lui. Il me paraissait tout à fait banal dans son costume bleu marine fait sur mesure, sa chemise à rayures blanches. Il n'était pas vilain, non. Loin de là même. Il ressemblait à un joueur de foot nordique, bien bâti avec des dents de mannequin bouche.
Lorsqu'il pénétra dans l'avion pour se rendre en biz, son corps se figea et il me regarda de longues secondes. Mais qui était donc ce vicking sans gêne qui me dévorait du regard comme si j'étais un hamburger de chez Five Guys ? Eh bien j'eus le loisir de le découvrir tout au long du vol puisqu'il m'invita à prendre place en business à ses côtés. Ce cher monsieur s'appelait Jacky Vanderbilt. Il était l'héritier d'une des plus grandes familles de la Côte Est américaine.
Arrivés au Mexique, il me proposa de l'accompagner rencontrer le maire de la ville qui était un ami mais aussi un subalterne. Puisque je n'avais rien à faire, ni où crécher, je l'accompagnai volontiers. Nous parcourûmes toute la zone dans sa Lamborghini Countach blanche, escortés par quatre blindés sur lesquels étaient postés des tireurs d'élites entraînés en Afrique Subsaharienne.
acky Vanderbilt n'avait pas d'ennemis, il n'avait que des employés dans le monde entier. Des gens qu'il traitait avec beaucoup d'humanité et qu'il payait mieux que n'importe quel autre patron. Donc au lieu de galérer comme une joueuse de gratte et de me laisser pousser mes dreadlocks en faisant l'aumône devant un complexe hôtelier de Tulum, je décidai d'accompagner Monsieur Vanderbilt dans sa conquête de la ville avant qu'il n'entreprenne le rachat du Yucatan.
En tant que grande humaniste, je voyais là une nouvelle période de conquête d'un territoire maintes fois arraché à ses natifs. Jacky su pourtant me rassurer, car c'était soit ça, soit laisser la mafia nationale gangrener la zone au risque que le pays ne bascule entièrement dans le chaos. Ce n'était souhaitable pour personne. Je n'ai pu qu'acquiescer et accepter qu'il était peut-être ce messie que le monde attendait.
J'ai passé quatre années fantastiques auprès de Jacky Vanderbilt. Quatre années d'apprentissage sur la profondeur de l'âme humaine mais aussi quatre années à comprendre que le sexe n'était pas si important entre deux individus. Mais quand même. Vous savez lorsqu'on dit qu'on tombe invariablement sur les mêmes profils, jusqu'à ce que l'on en guérisse ? Eh bien ce cher Jacky était lui aussi asexuel. Une veine pour une fille comme moi. Et c'est lorsqu'il me proposa de l'épouser que je fis un pas en arrière.
Il était hors de question de vivre une existence sans chair. J'ai bien tenté de lui proposer de s'acheter une libido avec toute sa thune mais il ne voulait pas, préférant continuer d'acquérir le reste du monde plutôt que de passer des matinées à buller dans le pieu à la recherche du plaisir parfait. Vous comprenez désormais pourquoi ce superbe escarpin porte son nom. Car il est synonyme de beauté, de candeur et d'envie de faire le bien autour de soi. Ni plus, ni moins. Câlin.
C'EST PAR ICI QUE SE PASSE LA JOUISSANCE