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DES QUESTIONS SUR TOUTES LES LÈVRES
Patricia, vous êtes partout et nulle part à la fois. Pourquoi cette stratégie ? Il n'y a aucun calcul, aucune stratégie. Je garde mon énergie pour mes collections et mes clientes.
Vous êtes en quelques sortes la J.D. Salinger de la chaussure.
Ça c'est vous qui le dites. J'adore l'Attrape Coeur que j'ai lu plusieurs fois mais je serais bien incapable de me comparer à qui que ce soit. Nous sommes tous différents. Tous uniques. Pas la peine d'aller chercher des comparaisons. Même si la vôtre est flatteuse et non dénuée de culture.Ceci étant dit, vous n'apparaissez pas dans la presse, ou très peu. C'est donc un choix. Mais cela intrigue, vous le comprenez ?
Ce qui est un choix c'est de ne pas raconter la vie de mon chat, ce que je bois comme thé, comme bière, où je sors, où je dors, ce que je lis, ce que je conseille, ce que je fume, qui j'embrasse à pleine bouche dans la presse. Je ne vois pas bien qui cela pourrait intéresser. Personne. Après pourquoi mes créations n'apparaissent pas dans la presse alors que celles de ceux qui me copient sans vergogne oui ? Question sans réponse.J'ai personnellement beaucoup d'amies qui portent vos créations. Là où c'est très fort de votre part, c'est le côté transe dans lequel rentre celles qui vous portent. Vous savez pourquoi ?
J'aimerais avoir la formule magique. Cela me permettrait de l'appliquer partout dans la vie, dans tous les domaines et de partir faire plus de ski, de trekking. Mais en fait il s'agit juste d'injecter un peu de passion, un peu de talent, un peu de temps dans ce que l'on fait et tenter d'arracher les gens à leurs quotidiens, par petite touches.Que pensez-vous de ceux qui vous copient, toujours plus nombreux ?
Je n'ai pas inventé la chaussure. Par contre j'ai inventé un style. Et s'il existe des pauvres gens pas assez intelligents pour créer le leur, j'en suis totalement désolée. C'est d'une profonde tristesse quand moi je fais en sorte de proposer quelque chose de différents aux filles et que d'autres ne font que copier pour copier.
Quand vous ne travaillez pas, vous faite quoi ?
Je vais au cinéma. Le matin exclusivement. Je me mets au premier rang avec mon jus de goyave. Sinon je fais mon sport. Je monte et je descends les escaliers Montmartre. Enfin cela dépend de si je suis sortie la veille et du nombre de cocktails bus. Voilà, je vous laisse, le happy hour débute. Merci.
Propos recueillis par John Echenoz pour La Nouvelle Observatrice©