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LA CALIFORNIA, PAS RED, MAIS HOT

Quand mon père est arrivé en France, il ne comptait pas s'y arrêter définitivement. Il pensait que ce serait un stop. Une sorte de mise en bouche à la vie occidentale pour ensuite traverser l'Atlantique et s'installer à New-York.

Patricia Blanchet

A Brooklyn plus précisément où l'attendaient déjà tantes et cousins. Ils y avaient monté un petit délicatessen dont la spécialité était la chakchouka, sous toutes ses formes. Il y avait la classique bien entendu, succulente, et puis l'épicée, la chakchouka verte, cuisinée avec de de la marijuana, la perse, préparée avec des fils d'or. Leur succès se limitait au pâté de maison, mais il était réel. Ils eurent donc besoin de renfort et ils proposèrent à mon père un job de portier-cogneur. Il aimait bien la castagne, il était jeune alors et Brooklyn n'était pas encore tout à fait un repère à bobos/hipsters comme il l'est aujourd'hui.
Patricia Blanchet

Du coup il pensait transiter que quelques semaines à Paris, le temps que sa famille américaine fasse sa demande de papiers pour le faire venir auprès d'elle. Mais les semaines se transformèrent vite en mois. Lui qui dormait chez un ami, il dut en trouver un autre où squatter, puis un autre et ainsi il effectua des sauts de punaise de lit, de pote en pote, le temps que sa situation connaisse une évolution favorable. Mais l'état providence avait fermé le robinet de l'immigration et l'eldorado promis s'était mué en horizon couleur charbon.
Patricia Blanchet

Il ne désespéra pourtant pas de rejoindre sa famille et New-York qu'il considérait aussi comme zone de transit car ce qu'il visait, c'était la Californie. Biberonné aux Beach Boys et aux Doors, il n'avait qu'une envie, c'était de dévaler les rouleaux de vagues de la plage de Venice Beach. Il n'avait pourtant rien d'un californien, ni la mâchoire carrée, ni les yeux bleus, ni les cheveux blonds, ni de cheveux tout court d'ailleurs. Alors le week-end il partait s'entrainer sur la Marne avec un bout de planche récupérée sur une palette d'une livraison d'un magasin Félix Potin. Bien entendu, on était loin des vagues rageuses qui s'abattaient sur les côtes californiennes mais cela lui donnait déjà une idée du surfeur qu'il n'était pas et qu'il ne deviendrait jamais. Alors à défaut de dompter les flots, il se mit à devenir un expert improvisé dans la weed. Non pas comme revendeur, mais comme testeur, presque comme un sommelier de Palace. On l'a vite oublié mais dans les années soixante-dix, il y eut beaucoup d'overdoses liées à la consommation d'herbe car à l'époque, elle était coupée avec toutes sortes de saloperies qui rendaient dingue dans le meilleur des cas, ou tuaient dans les pires.
Patricia Blanchet

Grâce à sa tchatche et à un réseau savamment étudié, il devint conseiller pour stars. Il se rendait donc chez elles et les conseillait comme s'il s'agissait de Château Petrus ou de Romanée-conti. Il leur évitait de tomber sur de la camelote et ainsi de se griller le cerveau. Il connut et conseilla Cerrone, Robert Castel, Pierre Richard ou Bernard Ménez. Et toujours avec ce même mot mot d'ordre: " ce qui compte, c'est le voyage, et les souvenirs que nous en ramenons". Il était bien entendu contre cette consommation, mais puisque rien ne pouvait l'arrêter, il pensait qu'il valait mieux protéger ceux qui en abusaient. Si André Malraux pensa à lui, pour l'Ordre National du Mérite, et toutes ces vies de people sauvées, cela n'enleva en rien son idée de déguerpir là où il faisait bon bronzer. Mais puisque le destin est facétieux et qu'il aime dire aux hommes ce qu'ils doivent faire, au moment où il se rendit en mairie, chercher son passeport, promesse de soleil, il rencontra ma mère qui venait faire sa carte d'identité. Elle qui débarquait de sa Normandie natale, fut subjuguée par la gouaille de mon père qui n'avait cesse de raconter des anecdotes sur Michel Delpech et sur ses projets d'ailleurs. Il ne savait alors pourtant pas que son ailleurs allait bientôt lui offrir une jolie petite fille, moi, et que leur vie allait se construire ici à Paris.  Ma mère n'avait aucune envie d'aller en Californie car pour elle le ciel, c'est le ciel. Et un arbre est un arbre. Que ce soit ici ou là-bas. Du coup, quelques années après, j'ai voulu rendre hommage à ses désirs en lui dédiant cette bottine, pas loin d'être l'une de mes plus réussies, la California.
Patricia Blanchet

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