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LA NEWS QUI METTRE TOUT LE MONDE KORDA
Patricia vous aime de tout son corps.
C'était un 15 novembre que j'ai failli me marier. Sur un coup de tête. Mais pas un coup de tête qui m'appartenait. Un coup de tête dont le propriétaire n'était autre que mon père. Nous habitions alors rue Oberkampf. À une époque où il n'y avait pas encore tous ces bars, tous ces restos. Dans un immeuble vétuste qui ne tenait plus vraiment droit. Nous vivions sous les combles, dans deux chambres de bonnes réunies. Là, nous vivions avec ma sœur et mes parents. Même s'ils n'étaient pas souvent là, l'espace était réduit pour quatre. Mais nous nous aimions tellement que nous savions retenir notre souffle afin de ne pas prendre trop de place.
Nous étions la seule famille de l'étage. Autrement, il n'y avait que des gens seuls. Mais quelques étages en dessous, au troisième plus précisément, vivait une autre famille, les Puget. Les enfants du couple étaient tous plutôt moches. Ils n'étaient même pas sympas avec moi. Quand on se croisait dans les escaliers, ils me snobaient. Et à l'école, ils se moquaient de moi devant les autres parce que nous vivions à l'étage des pauvres. Mon père m'avait appris l'indifférence et je l'appliquais ici avec délectation. Ce qui avait le don de les irriter encore plus. Nous nous détestions cordialement. Surtout avec l'aîné qui était dans ma classe et qui se plaisait à m'humilier dès que je ratais un contrôle.
Pourtant, un jour, alors que je revenais d'un week-end scout, en montant les escaliers, je fus appelée par ma mère à rejoindre le troisième, où elle prenait le thé avec Mme Puget. Cette dame avait une galerie d'art rue de l'Université dans le 7ème où elle exposait des œuvres pompeuses et dénuées de talent. Mais, puisqu'elle était très connectée, son lieu de vente connaissait une belle réussite. Elle proposa à ma mère de faire le ménage. Ce qu'elle accepta contre un taux horaire plutôt avantageux. Après cela, ma honte fut totale, puisque son fils en profita pour souligner à chaque intercours, chaque repas, que ma mère était la boniche de la sienne.
Quand la coupe fut pleine, et son visage proche du mien, je lui assénai un coup de tête de docker, sur son petit nez qui en avait bien besoin. Après cela, je fus exclue trois jours du collège. J'avais beau répéter qu'il l'avait bien cherché, mon acte de violence jouait en ma défaveur. Quelques jours après, alors que je fumais un joint à la fenêtre, ma mère entra sans crier gare dans l'appartement. Elle avait fini plus tôt car sa patronne l'avait mise à la porte suite à mon geste. Le lendemain, mon père vint à moi, puisque ma mère n'osait pas.