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LOOKING FOR MILES
Sortie saine et sauve de mon gardiennage au Parker, la canicule retombée, mon premier réflexe fut d'aller me jeter un drink derrière la cravate.
Je marchai près d'une heure avant d'entrer dans un liquor store où je m'offris une bière brune d'un litre afin de désaltérer ma soif sauvage. A peine terminée, je m'en jetais une autre. Je ne l'avais pas volé. Le patron des lieux commença à me faire la causette en russe pensant que je venais de Moscou. Il me dit que j'avais la tête de là-bas, la mâchoire carrée, les cheveux blonds, la morphologie de gymnaste.
Puis il me demanda ce que je faisais par ici. Je lui racontai mon aventure à l'hôtel et il se mit à pleurer brusquement en me racontant qu'il avait perdu sa femme le mois dernier. Qu'il l'avait perdue au supermarché et que jamais personne ne l'appela au micro pour qu'il vienne la récupérer. Puis il se mit à sourire me voyant me décomposer. Il s'excusa et me raconta qu'il était inscrit à un cours de théâtre proposé par les alcooliques anonymes où il se rendait quatre fois par semaine pour suivre une thérapie lourde. Quand il apprit que j'étais française, il me demanda si je voulais venir chez lui car il avait entendu dire que les françaises n'avaient pas froid aux yeux. Par curiosité j'acceptai son offre. Deux minutes plus tard il avait baissé son rideau et son froc, me demandant d'en faire autant. Mes parents m'avaient appris à être polie, à être à l'heure, à être drôle parfois, mais surtout ils m'avaient appris quelques mouvements de full contact qui, ici, allaient prendre tout leur sens. Mais au lieu de cela, ma première réaction fut de rire devant la riquiquitude de son attribut comparable à une knacki ball. Il devint alors framboise de rage et il se mit à avancer vers moi avec l'évidente envie de me tuer, de me découper en morceaux pour me donner à manger à ses chiens que j'entendais aboyer derrière la porte de la réserve.
Heureusement, le jean qu'il avait aux chevilles le fit tomber au sol. Il entraina un présentoir de vin dans sa chute et un tire-bouchon qui vint se loger pile-poil dans son oeil et le tua sur le coup. Horrifiée mais soulagée, je passai derrière le comptoir pour appeler la police, qu'ils viennent enlever la carcasse de ce type. En les attendant, et pour me remettre de ce sale moment, je m'ouvris une nouvelle bière, toute tremblante que j'étais. Tout à coup un escadron de voitures de flics déboula devant le liquor store de mon agresseur dead. L'un d'entre eux sortit de sa voiture, sauta puis glissa sur le capot, fit une roulade avant, et en se relevant, il dégaina une arme automatique avec laquelle il tira dans le rideau de fer du magasin pour se faire une entrée. Il courut vers moi comme si j'étais une terroriste et me mit en joue. La dernière chose dont je me souvienne, c'est de sentir la crosse de son fusil taper contre mon menton. Je m'évanouis et me réveillais le lendemain derrière les barreaux de la prison du comté.