Article du
THE NEWS THAT WILL PUT YOU PEPOUZE
Patricia vous aime de tout son être.
Les vacances des enfants ont débuté vendredi. Une lointaine connaissance m'a dit que les enfants français avaient trop de repos, qu'ils étaient surchargés de cours et de devoirs, et qu'ils ne faisaient pas assez de sorties ni de sport. Donc, ces vacances toutes les six semaines étaient, selon elle, une hérésie, car, lorsqu'ils ne sont pas en cours, ils coûtent de l'argent. Et je ne pouvais que lui donner raison.
Car lorsqu'il n'est pas à l'école, mon fils veut jouer au billard, au tennis, acheter des jeux, manger des flancs, de la tortilla. Ensuite, elle a enchaîné sur les bienfaits de la culture nordique. Et je l'ai écoutée débiter tout ce qu'elle avait à me dire à ce sujet. Le tout en tirant comme une dingote sur ma clope électro saveur pepperoni.
Elle me vantait les emplois du temps intelligents mis en place en Laponie, en Suède. Ouais, ouais, pensais-je. Mais alors, si leur société était si évoluée, pourquoi ma copine ne partait-elle pas là-bas ? Je le lui ai dit. Je l'ai mise face à ses contradictions. Et je l'ai encouragée à partir dans le Nord si c'était si merveilleux, si respectueux de l'éveil des enfants et des droits humains.
Là, elle se raidit en me disant que partir n'était pas si simple. Qu'il fallait faire bouger une famille, démissionner de son poste, prendre le risque de tout foutre en l'air sur un coup de tête. Il lui fallait du temps pour évaluer, pour se rendre compte si le jeu en valait la chandelle. Sa façon de parler, de finalement trouver toutes les échappatoires pour ne pas mettre en pratique ce qu'elle conseillait, me parut tout à fait fragile, pour ne pas dire couard.
Ni une, ni deux, et parce que je voulais lui donner autant tort que raison, j'ai appelé Air France sous ses yeux pour un aller simple vers Helsinki. Ensuite, j'ai appelé mon mec en lui sommant de quitter son taf, puis l'école, à qui j'ai annoncé que mon fils ne viendrait plus à compter de maintenant. Toujours sous ses yeux ébahis, j'ai ouvert mes placards et jeté mes fringues, ainsi que celles de ma famille, dans nos valises. Puis je lui ai claqué la bise, lui ai dit de faire attention à elle, et à ce que ses profondes envies ne l'envahissent pas trop.
Aujourd'hui, je vis entourée de loups, d'ours, de castors et de motoneiges, mais je n'ai jamais été aussi heureuse d'avoir eu raison et d'avoir fait ce que j'avais dit. Même si ce n'est pas moi qui ai eu l'idée au départ.