Depuis quelques mois riches en fibres émotionnelles, une nouvelle venue a fait son apparition dans le popcorn qui peuple les rangs de mon illustre maison. Cette newcomeuse se prénomme Anya comme cette fameuse joueuse d'échecs qui semble sortie toute droite d'une pub à l'époque où Playsation avait encore l'audace de proposer un univers fort. Désormais ils veulent inclure le plus grand nombre et Sony a fini par lisser ses propos marketing. Je ne sais plus qui avait réalisé ce spot. J'ai Spike Jonze en tête mais internet ne retrouve pas trace de lui dans l'univers Playstation. Bref, ne nous coupons pas du cordon grâce auquel je me hissais sur les hauteurs de l'âme humaine et revenons vers Anya qui trépigne d'impatience à l'idée que je balance, non pas son corps, mais la vérité sur sa vie semblable à un conte pour grands enfants qui aiment le Nutella et le clafoutis aux abricots.
Patricia : Anya bonjour. Pouvez-vous nous raconter pourquoi vous avez voulu rejoindre notre belle maison dans la prairie ?
Anya : Après des études d'art et de théâtre dans la ville de Michel Noir, j'ai décidé de monter sur Paris pour me déployer et jouer le rôle de ma vie, le rôle de l'Albatros dans l'adaptation live action de Bernard et Bianca de Walt Disney. J'ai une amie qui est directrice de casting et qui m'avait informé que Disney cherchait une belle "oiseaute". Ce qui correspondait magnifiquement à mon profil de l'époque.
Patricia : C'est à dire ?
Anya : C'est à dire que j'ai beaucoup œuvré dans le monde de la nuit. J'ai gagné plusieurs concours en mixologie et du coup j'ai vu en ce casting un appel de pied du destin. Je ne voulais plus travailler la night. Trop d'oiseaux de mauvaise augure qui m'entraînaient dans les tréfonds de la glauquerie. Moi j'avais besoin de déployer mes ailes. Malheureusement le film a été annulé après les divers revers de la maison Mickey et moi je me suis retrouvée le bec dans l'eau malgré mes heures d'entraînement à me laisser pousser le nez et les bras afin d'être une albatros crédible. Que ce soit mon Tchao Pantin à moi. En attendant que le film puisse avoir une nouvelle date de prod, il me fallait refaire mon nid quelque part et c'est là où vous êtes intervenue Patricia, là où vous êtes apparue, telle une aiglette des Carpettes.
Patricia : Alors si je m'en réfère à votre biographie parue dans Poussine magazine, vous êtes née garçon mais vous avez trouvé ça plutôt inintéressant comme expérience.
Anya : Disons que l'attirail masculin et tout ce qu'il implique, ce n'était pas ma tasse de thé. Je suis plutôt eau d'éther. Je ressentais un profond besoin d'être plus que ce que la vie m'avait offert. Mais il fallait bien en avoir le cœur net alors j'ai attendu mais à cinq ans le doute n'était plus permis, il fallait que je me transfigure. J'en ai parlé à ma mère qui a très bien compris ce besoin vital et qui m'a toujours encouragée à m'ouvrir et à trouver le vrai moi. Il faut dire qu'il était bien enfoui.
Patricia : Enfin du coup, elle. Elle était bien enfouie.
Anya : Quelle perspicacité ma bien chère sœur. Oui moi je voulais être Marylin, Nicole Kidman, et certainement pas George Clooney ou Brad Pitt surtout à voir ce qu'il est devenu, violent. Les femmes aussi peuvent l'être parfois mais c'est certainement parce qu'elles n'ont pas su faire le chemin inverse que moi j'ai fait. Reconnaître leur part écrasante d'homme qui sommeille en elles et sur laquelle elles veulent mettre un couvercle large comme le vaisseau mère d'Independance Day. Je n'encourage évidemment personne à changer de genre. C'est mon parcours, ma vérité et elle ne regarde que moi.
Patricia : Mais il faut avoir le courage d'aller fouiller, connaître les raisons de son mal être pour pouvoir éclore et c'est ce que vous avez fait avec courage. Car il en faut de la témérité pour s'ouvrir les yeux sur le vrai soi. Il existe tellement de copies frauduleuses qui vivent en nous, qu'identifier l'originale prend du temps et des tripes. Donc bravo chère Anya.
Anya : Vous m'en voyez ravie. Ca fait plaisir d'être si bien considérée par la Queen of Grolles.
Patricia : Est-ce parce que vous êtes née un 24 Décembre que vous m'apparaissez subitement comme un cadeau ?
Anya : Un cadeau je ne sais pas, mais comme "Jésuse". Probablement.
Voici de quoi apporter de l'eau au moulin de votre sagacité :