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UNE NEWS QUI CÉLÈBRE LES DIEUX
Patricia vous aime plus encore que ses propres créations.
Cette newsletter est dédiée au passage de l'ouragan Cave qui s'est abattu le 17 novembre à l'Accor Arena. Je m'excuse par avance car cette messe ne fut dite qu'en Paris. Mais il faut le comprendre. Nick a 67 ans et ne peut décemment s'arrêter dans toutes les villes de France pour y délivrer son message. Le monde est son terrain de jeu et ce monde doit avoir la chance de pouvoir le voir en chair et en os sans que Cave ait besoin de faire des tournées à rallonge.
Pourtant, cela pouvait faire peur qu'il s'attaque à une salle aussi vaste que Bercy. 18 000 âmes à faire tanguer, à tenir du bout de son micro et de ses gesticulations de bonhomme O'Cédar. Il ne lui fallut que quelques secondes pour que son public ne prenne la mesure de ce qui allait suivre trois heures durant. Nick Cave est tout bonnement le plus grand performer vivant et qu'il m'ait été donné de voir sur scène. Le plus grand songwriter aussi, probablement.
Un an auparavant, j'étais allée voir, dans la même salle, les Arctic Monkeys qui m'avaient passablement ennuyée. Ces types devraient faire un stage scénique chez Cave pour se nourrir de la fureur de leur aîné, de sa grande générosité, de sa joie à faire son métier. Quand eux semblent cachetonner péniblement, sans enthousiasme, sans cœur, sans projet autre que de dérouler leur nouvelle galette en espérant faire du stream et vendre quelques produits dérivés à la sortie.
Nick Cave est investi d'une mission : celle de transcender son audience, lui faire vivre une expérience inoubliable. Rappeler qu'un artiste doit tout s'offrir sur scène. C'est le pacte qu'il a signé pour avoir la chance mais aussi l'audace de vouloir se présenter à un public.
Nick Cave possède d'autres atouts, tous plus immenses les uns que les autres. Mais le plus lumineux d'entre tous, et contrairement aux autres groupes et chanteurs qui tournent en boucle et mode repeat, il sait renouveler sa discographie, et faire de la place à ses nouveaux titres en les incluant le plus naturellement possible à la tracklist du concert. Et s'il peut le faire, c'est parce que ses nouvelles chansons sont d'une puissance folle.
Je me souviens par exemple du dernier concert de Phoenix à l'Olympia. Aussi bien fut-il, l'ombre de Wolfgang Amadeus planait immensément sur le désir et la liesse du public et ils ont, la plupart du temps, aligné ses titres, sans grande surprise. Pareil pour Arcade Fire qui avait fini son set par Wake Up lors de leur passage parisien. Tout ceci n'est qu'un aveu de faiblesse qui prouve que les artistes sont et se rendent prisonniers de leur propre mythologie. Ce qui n'est pas le cas de Cave. Il déroule son répertoire passé, présent, parfois futur, sans avoir peur de perdre son audience. Cave a confiance et c'est bien pour cela qu'il nous émerveille.
