Article du
AND THE PALME GOES TO !
Patricia vous veut entièrement.
Ça y est la Palme d'Or a été attribuée. Le cirque cannois est désormais clôt et nous pouvons retourner à des choses plus importantes, plus réelles, plus vitales. Comme ? Les guerres qui submergent notre globe ? La misère galopante ? Les inégalités ? Le dérèglement climatique ? La violence sociétale ? Les faits divers ?
Le cinéma a beau charrié son lot de porcheries (désolé Babe), d'histoires glauques, de luttes de pouvoir, de domination, humiliation, il existe tout un pan de l'industrie, que j'espère largement majoritaires, qui nous délivre des putains de chefs-d'oeuvre, des météorites oculaires qui nous percent le crâne et nous kidnappent le coeur. Parfois pour nous le piétiner, ou nous l'ensorceler, nous le kidnapper et nous le rendre en mille morceaux. Donc vous voyez, je préfère encore le folklore cannois à l'horreur perpétuelle déversée par les quotidiens détenus par une poignée de milliardaires et là je vois certaines se demander si je ne serais pas passée chez Blast ou le Média... que nenni mes biens chères soeurs, je suis juste une pasionaria du grand écran. Celui qui empêche de s'abrutir devant des séries idiotes écrites sur du papier millimétré. Le cinéma, le vrai, je ne vous parle pas des films avec Didier Bourdon qui sont écrits avec la même truelle que les séries qui peuplent les plateformes.
Non mais du cinéma qui ose, se contrefout du rythme et oeuvre dans la surprise constante pour nous écarquiller les yeux et nous capturer toute entière. Donc oui je préfère ce monde, quelque peu mensonger, un poil déconnecté. Je préfère ce concentré d'amour, d'aventures que les mornes nouvelles écrites par des journalistes qui n'en ont que l'appellation. Punissez-moi, flagellez-moi, clouez-moi sur le fronton de la Cinémathèque si cela vous chante (car après tout et c'est une révélation, je fréquente les lieux BDSM) cela ne me gênerait pas d'être punie sur la place publique et que le monde découvre à quel point je peux endurer le supplice pour défendre le cinéma. Il faut montrer l'exemple et se battre pour ce qui a de la valeur, et procure de la joie aux gens. Le Festival de Cannes qui se termine c'est aussi la fin du printemps qui se profile avec l'automne en point de mire et l'hiver qui va débouler façon Ferrari. C'est pour cela que si cet instant pouvait se cristalliser un peu et retenir ses journées, j'en serais ravie. Je ne commenterai pas tout de suite l'attribution de la Palme car je ne suis ni jurée, ni invitée au Festival et je crois que tout cela revient à ceux qui sont sur place. Je vais quand même y mettre mon grain de sel car symboliquement il me semblerait tout à fait opportun que Coppola la reçoive - je n'ai pas vu Mégalopolis.
Je me souviens qu'en 97 (je dirais) un numéro des Inrocks où il était interviewé, et que je lisais dans le bus 96 boulevard St Germain, mentionnait déjà ce film qu'il avait en tête et qu'il rêvait de réaliser. Je me disais alors que le mec était cramé, il n'avait plus aucun succès à son actif depuis des lustres et rien de significatif qui aurait fait avancer le cinéma. Et là il déboule avec une œuvre monumentale qu'il a financée en hypothéquant ses vignobles et en allongeant une centaine de millions de dollars. C'est un certain courage que de mettre en jeu sa propre fortune dans le seul but de pouvoir écrire, tourner, monter ce qu'il veut. Comme il le désire. Ne pas se soucier des investisseurs et prendre le risque d'imposer sa vision. Il me semble que la Palme, même si son film s'avère être un monumental nanar, mérite de lui revenir. Il faut encourager l'audace, le courage. Ne jamais brimer les rêves même s'ils paraissent ridicules à certains, ce sont ces certains qui sont ridicules aux yeux de la vie.
