Vous êtes mon rayon de vivre, ma raison de soleil.
Nous voici rendues à la mi-printemps. La meilleure saison ever, celle du renouveau, des nouvelles chances, est en train de partir en fumée et personne ne fait rien à ce sujet. Personne, même pas Emmanuel Macron ou son adjudant-chef Cédric Villani. Notre célèbre récipiendaire de la médaille Fields en 2010 qui pourrait, selon moi, et un cadran atomique nous permettre, à coups sûrs, de mettre le temps sur pause afin que nous puissions souffler et prendre la mesure de l'instant. Pour buller telle une phlyctène champenoise. Afin de ne pas laisser filer ce temps qui s'échappe comme la vapeur d'une chicha.
Ces premiers jours de mai me font penser à un film présenté il y a pile un an au festival de Cannes. May December. Il est peut-être un peu tard pour en parler, je le conçois mais il était nécessaire pour moi d'attendre pour vous faire un feedback que personne ne m'a demandé. Et pourtant le voici. J'ai beaucoup aimé l'image et la musique. L'interprétation de Julianne Moore est délicieuse comme une crème aux marrons. Voilà. C'est tout. Voici une critique de films que vous pourriez entendre au Cercle de Canal+ ou au club de sports du coin et qui satisferait la plupart des gens.
Oui mais voilà pas moi. Je peux vous dire par exemple que ce long-métrage fut tourné en 16mm car Todd Haynes, son réalisateur, voulait retrouver un grain proche d'un film qu'il idolâtre : A l'ombre de la canaille bleue. Pour le son, il a emprunté la technique de la post-synchro chère à Fellini car comme disait Michel Chion : Un synchronisme musical légèrement incertain ou décalé est source d’une poésie particulière. (…) (cela) introduit un flottement très poétique. Pour le son, encore, et sa bande originale, il est allé chercher un vieux thème de Michel Legrand, créé en 1971 pour un film de Joseph Losey nommé Le Messager. Toute cette ambiance tendait à vouloir créer une atmosphère particulière, en installant un malaise tout en donnant une texture pavlovienne au film. Comme une sorte de meringue psychédélique qui écoeure autant qu'elle attire.
Todd Haynes fut appelé à la réalisation par sa collaboratrice de longue date, Julianne Moore qu'il avait dirigée dans Safe, en 1995. Il n'est donc pas l'instigateur de ce projet inspiré d'une histoire vraie qui s'est déroulée dans les années 90 lorsqu'une prof tomba amoureuse de son élève à peine ado mais avec lequel elle fondit une famille après un passage en prison. A cela le film offre un personnage, une actrice, qui vient sur place s'ambiancer car elle interprétera le rôle de cette prof dans un film en préparation. Cette comédienne ajoute un point de vue et une gêne. Une gêne car elle est malsaine dans sa démarche, mais aussi parce que Natalie Portman est un peu en roue libre surjouant un rôle qui la fait déborder comme un surplus de chair trop corseté. Todd Haynes est probablement l'un des meilleurs cinéastes US indé car il essaie, tente, se plante et c'est tout à son honneur de nous faire patauger dans ses gadins avec lui. Malgré cela il reste toujours élégant et digne d'une admiration qui fait qu'une saison proche, je lui dédierai un modèle. Je suis certaine que lorsqu'il le saura, ça lui fera autant plaisir que d'être citoyen d'honneur de la ville de Poissy.
Un jour, une copine m'a dit que l'album Wolfgang Amadeus était un disque de magasins de fringues. J'imagine qu'elle cherchait à me piquer. cela ne m'empêchèrent nullement de vous partager ce sublime morceau qui, avouons-le, a plus des allures de disque de magasin de grolles :